Esquisse de réflexion sur la RDC Post-Covid19Par l’Honorable Sénateur Guy LOANDO MBOYO « L’instant de la crise peut donc constituer le Kairos, autrement dit : lemoment opportun pour mettre au clair un diagnostic et redessiner l’avenir » De la colonisation, en passant par la fin de la guerre froide et la crise économique de2008, l’Afrique en général et la République Démocratique du Congo en particulier ont toujours subi les différentes crises majeures qui ont émaillé la planète précédemment sans en anticiper l’après. Prévenir les risques, c’est savoir envisager la suite des événements à partir d’un certain nombre des scénarios envisageables. Au-delà d’être une catastrophe inextinguible qui endeuille brutalement lemonde, l’Afrique et même notre Pays qui en a perdu quelques-uns de ses dignes filles et fils, cette pandémie est une opportunité pour repenser l’ordre de nos priorités et transformer en profondeur notre Pays.Cette esquisse de réflexion sur notre Congo post-Covid-19, est un appel àcontribution de toutes les intelligences de ce Pays sur la manière dont notrefutur commun doit être envisagé, car le monde va profondément changer après cette crise et notre Pays à l’instar de plusieurs autres, devra choisir entre l’action transformatrice ou l’inanition autodestructrice.La pandémie du Covid-19 qui frappe de plein fouet le monde et qui s’estsubrepticement invitée chez nous en République Démocratique du Congo marque un bouleversement important qui ouvre une ère d’incertitudes et de déséquilibres majeurs. Notre pays a, dès la découverte des premiers cas, répondu à la crise sanitaire par des mesures d’urgence inédites en temps de paix dans le cadre de la mise en oeuvre de l’état d’urgence décrété par Son Excellence Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République, à savoir : Fermeture des frontières aux passagers ; Isolement de la capitale Kinshasa du reste du Pays ; Interdiction des rassemblements et réunions de plus de vingt (20)personnes ; Fermeture des écoles, universités et églises. A ce jour, malgré toutes les projections des scientifiques, personne n’est à mesure de prédire avec exactitude la fin de cette pandémie ou combien de temps cette crise va durer. Quoi qu’il en soit, il y aura un après Covid-19 avec toutes les conséquences imaginables et nous devons nous y préparer dès maintenant. A quoi ressemblera la RDC après cette crise ? Telle est la grande question que nous devons tous nous poser gouvernants et gouvernés, sans en avoir la prétention de détenir la vérité suprême sur la suite des événements.Le système sanitaire, le cadre macroéconomique, le droit du travail, la bonne gouvernance, le système éducatif, la sécurité alimentaire sont les points sur lesquels j’apporterais ma perspective du lendemain. La santé n’a pas de prix Sur le plan sanitaire, malgré les efforts louables du Professeur Jean-JacquesMUYEMBE et son équipe de riposte pour ralentir la propagation du virus, nous savons aujourd’hui que cette crise a un effet révélateur sur le faible niveau de résilience des structures de santé face aux épidémies et situation d’urgence. L’évaluation externe du Règlement Sanitaire International a montré que les capacités minimales du pays à prévenir, détecter et riposter rapidement aux menaces pour la Santé Publique sont encore faibles. La revue des épidémies connues depuis 2016 a relevé que l’investigation et la réponse était tardive et inadéquate suite à l’absence ou mieux, l’impréparation des équipes d’interventions rapides et du manque de pré positionnement des kits répondant au design des épidémies potentiels et le déficit decoordination de la surveillance et de la riposte. Pour le cas actuel du Covid-19, les structures sanitaires sont dépassées par les quelques malades hospitalisés, et il paraît alors évident que cette pneumonie virale ne pourrait être prise en charge à grande échelle à cause de notre système de santé précaire. Les appareils d’assistance respiratoire, par exemple manquent cruellement dans de nombreux hôpitaux et notre capacité à procéder à des tests de dépistage massif reste limitée ; nous n’avons pas encore atteint 200, en termes de dépistagejournalier. L’apparition de l’épidémie du Covid-19 constitue également d’une remise enquestion pour l’élite dirigeante de notre Pays ; confinée chez elle en raison de la fermeture des frontières et de la surcharge exponentielle des structures sanitaires des pays occidentaux se rendant compte qu’il sera impossible de se faire évacuer en cas d’urgence sanitaire comme il en était le cas pour plusieurs alors qu’elle a œuvré au délitement de notre système de santé. Il devient clair que nous devons y consacrer plus de ressources, à ce titre, les sociétés d’assurances établies en RDC doivent assumer leur mandat social en investissant dans le développement des structuressanitaire de qualité. Cette crise aura eu le mérite de démontrer que la santé devra dorénavant être placée comme secteur stratégique et prioritaire pour le développement du Pays conformément au Plan National de Développement Sanitaire recadré pour la période 2019-2022. Pour cela, nous devrons répondre à différents défis post-Covid-19 : Sur les 8.266 centres de santé que comptent notre pays seuls 1006 sont construits en matériaux durables, ce qui représente 12%2, et, le secteur a une faible capacité à assurer la maintenance des infrastructures et équipement acquis, due à l’absence des unités de maintenance compétentes opérationnelles à différents niveaux. Il sied à cette fin d’accroître l’enveloppe du budget de l’État alloué à la santé publique qui est de 5 à 15 %, afin d’investir davantage dans le développement des infrastructures sanitaires viables. Création d’emplois durables dans le secteur de la santé : il se pose un problème de déséquilibre dans l’organisation des filières et dans la répartition équitable des professionnels de santé. Selon l’OMS, le ratio du nombre de médecins par 1000 habitant pour la RDC est de 0’2 au lieu 2,2 de moyenne mondiale, nous plaçant dans le rang des 54 Pays au monde qui connaissent une pénurie aiguë de prestataires de services de santé. Cela étant dû aux mauvaises conditions de travail, l’insuffisance des mesures incitatives et le non-paiement des salaires pour certains et la modicité pour ceux qui en sont bénéficiaires. En 2017, sur l’effectif de 161.966 agents, 47.052 sont bénéficiaires de salaire soit 29 % des agents. Quant à la