RDC/Politique : Le Recteur de l’Université Catholique du Congo, le Professeur Abbé Léonard Santedi précise le poids historique de l’Eglise dans le pays et son rôle à jouer dans la résolution de la guerre dans la partie Est

Le professeur Abbé Léonard Santedi, Recteur de l’Université Catholique du Congo, a commencé tout d’abord par démontrer l’engagement de l’Eglise aux conditions humaines.

Il a du moins ressassé l’histoire pour évoquer les propos du Cardinal Malula qui, à l’époque était encore Monseigneur Malula :  » Il faut une Eglise congolaise, dans un Etat congolais  ». Et la conférence des évêques du Congo(CENCO) a toujours joué son rôle d’accompagnateur du peuple et de contributeur pour la construction de la nation, faisant partie intégrante de sa mission d’évangélisation. Renchérit t-il.

À ceci s’ajoutent, les domaines auxquels l’Eglise s’est investie pour le bien-être de la population. Il s’agit de l’éducation, aussi du social par son réseau de caritas développement, et, aussi le domaine de la justice et de la paix avec sa contribution pour l’effectivité d’un Etat de droit.

Au micro des journalistes de RFI, le Professeur Abbé Santedi, Recteur de l’Université du Congo et membre de la CENCO, a évoqué l’apport de l’Eglise dans la résolution de la paix au niveau national, et régional, réunissant le Congo, le Rwanda et le Burundi, puis faire un plaidoyer de paix au niveau des gouvernants, mais aussi faire entendre la voix au niveau de la communauté internationale.

  • Journaliste : Vous êtes Recteur à l’Université Catholique du Congo, vous avez des étudiants qui viennent de partout dans le pays, ceux qui viennent de l’Est vous racontent les difficultés auxquelles leurs familles sont confrontées dans ce moment de guerre sur leur territoire ?
  • Professeur Abbé Santedi : Parfois les mots nous manquent quand nous rencontrons des jeunes qui ont vécu des horreurs. Il y a des valeurs que tout Homme, quelque soit le mobile qui commande son comportement doit être incapable d’en profaner. Et parler de ces grandes valeurs, c’est parler du respect de l’humain. La logique de l’enrichissement que nous voyons via l’exploitation illicite des minerais. Mais tout cela nous interpelle comme éducateur, par exemple à l’Université Catholique du Congo, nous avons une ligne de conduite de la promotion des valeurs pour un futur meilleur…
  • Journaliste : L’Eglise Catholique joue-t-elle dans la tentation de la résolution de ce conflit ?
  • Professeur Abbé Santedi : La mission de l’Eglise se situe à plusieurs niveaux notamment chez la population qui est la première victime. Continuer à donner un message d’espérance, à ne pas lâcher prise, de la force de la victoire de la vie sur la mort qui va conduire à un message de paix à dire aux populations de ne pas entrer dans la haine et la vengeance. Le deuxième niveau est chez les acteurs politiques, un message de plaidoyer pour une gouvernance autre, mais aussi pour qu’aujourd’hui n’est plus le temps de discussion sans issue entre parti(politique), mais plutôt de prendre en main cette cause de la paix. Réunir au niveau régional les évêques du Congo, Rwanda et Burundi ainsi que les fidèles en vue de pousser l’hierarchie de l’église à trouver une solution bénéfique à la population chrétienne et promouvoir une cohabitation pacifique et à un autre modus operandi de l’exploitation des richesses du Congo.
  • Journaliste : Il y a un peu plus d’un an, le Pape François a foulé ses pieds au Congo sans se rendre à Goma, malgré qu’il avait reçu des personnes victimes de ces atrocités. Mais actuellement la situation s’est encore aggravée, qu’en pensez-vous ?
  • Professeur Abbé Santedi : Ce message fort du Pape François résonne encore. D’ailleurs l’évêque d’Uvira, Monseigneur Sébastien Muyengo vient de publier comment l’Eglise avait reçu ce message :  » Retirez vos mains du Congo  ». Ledit message ne s’adresse pas seulement aux forces extérieures, mais aussi à nous-mêmes, les nationaux qui exploitent des carrés miniers au détriment des vies. On ne pourra jamais se lasser de dénoncer cette situation, mais aussi d’annoncer l’évangile de paix et de réconciliation.
  • Journaliste : Les femmes sont particulièrement touchées dans ce conflit, ce que Marie de Anges Caverné, femme dans la guerre au Nord-Kivu. À quoi on se raccroche dans la guerre ?
  • Professeur Abbé Santedi : Je profite d’abord pour remercier ma compatriote Marie des Anges Caverné pour cet ouvrage qui est d’ailleurs un travail de thèse. Elle a pu rencontrer des femmes. Elle ne parle pas à partir des livres. Elle s’est entretenue plus ou moins avec 200 femmes et arrivée à dire qu’on s’accroche encore… Et ella a le courage de raconter des scènes vécues par ses femmes et elles les appellent à être des témoins de la vie, de l’espérance, à sensibiliser d’autres femmes et hommes pour dire  » Plus jamais ça  »… Regardons en face ces massacres qui se passent dans la partie Est du Congo, et ne soyons pas seulement attentifs aux minerais et contrats… C’est une interpellation pour la communauté internationale.

Propos recueillis par les journalistes de Radio France International (RFI).

Osée KADIMA

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