Insécurité : Les Gouverneurs de l’Ituri, du Nord et du Sud Kivu, en plaidoirie de renforcement de capacité militaire auprès de l’Assemblée Nationale

Carly Nzanzu Kasivita, Théo Ngwabidje Kasi et Jean Bamanisa Saïdi, respectivement Gouverneur du Nord-Kivu ; Sud-Kivu et de l’Ituri ont eu ce lundi 10 juillet 2020, dans la salle des Banquets du Palais du Peuple, une séance de travail avec le deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, l’honorable Boniface Balamage Nkolo. Se sont joint à cette séance de travail, les caucus des élus nationaux de toutes les trois provinces concernées en ce, y compris la Commission Défense et sécurité présidée par l’honorable Jaynet Kabila Kyungu.

La question principale qui a fait l’objet de cette rencontre quadripartite est la plaidoirie des trois exécutifs provinciaux en rapport avec l’activisme des groupes armés locaux et étrangers dans leurs juridictions respectives. En plus des massacres commis ce dernier mois dans ces trois provinces en proie à l’insécurité grandissante.

Plusieurs pistes de solutions ont été évoquées pour mettre fin définitivement à ce phénomène qui prend des proportions inquiétantes dans la région. Il s’agit notamment d’enclencher le processus de Désarmement-Démobilisation-Réinsertion par la création des infrastructures de développement susceptible d’accueillir les ex-combattants, mais aussi la création de l’emploi et enclencher la diplomatie parlementaire entre les pays voisins dont leurs problèmes se règlent sur le sol Congolais.

Tour à tour, ils l’ont dit à notre Rédaction en ces temes :
« Nous avons rencontré le bureau de l’Assemblée nationale avec la Commission Défense et sécurité. Ce qui est un exercice essentiel puis que les questions que nous rencontrons doivent être partagées, bien connues par l’Assemblée pour en faire le suivi au niveau du Gouvernement central.
Effectivement, le problème actuel, nous l’avons soulevé ici c’est de savoir vraiment les causes qui, aujourd’hui, font que les groupes armés sont récurrent au point qu’on n’arrive pas à avoir une solution définitive avec le DDR et nous devons penser à une autre approche qui ne doit pas être celle de la facilitation et du bénéfice à ceux qui prennent les armes, mais de trouver une solution : locale, communautaire au niveau économique, des infrastructures , au niveau de l’emploi parce qu’il faut assurer les populations pour leur avenir ; il est question aussi de voir ceux qui ont tenu les armes, soit ils ont été mal démobilisés ou qu’il faut leur donner maintenant une possibilité. N’oublions pas de dire que l’armée est là, elle doit faire son travail et voilà qu’il faut le renforcement des capacités de l’armée ; il y a la justice par ce que nous parlons de DDR qu’il y a la gratuité aux crimes de ceux qui l’ont commis. Il faut la justice, l’armée fassent leur travail pour que l’impunité ne reste pas un droit pour les groupes armés« .

Quant à l’identification des auteurs des crimes commis dans l’Ituri, Jean Bamanisa Saidi reconnait que la CODECO est une milice mystico religieux et que s’il arrivait de remonter avec les Maï Maï, avec beaucoup d’autres groupes armés, ils se basent sur les considérations de manipulation de la population avec les groupes mystico religieux.

« Les tireurs des ficelles ou ceux en cravate comme nous les appelons sont identifiés mais il faut renforcer la justice par ce que le nombre de personnes sur la liste de gens à poursuivre est très longue. Pour cela, il faut de capacités judiciaires tant au niveau civil que militaire », a dit Jean Bamanisa Saïdi, Gouverneur de la Province de l’Ituri.

Quant au deuxième vice-président de l’Assemblée nationale Boniface Balamage Nkolo, les Gouverneurs de ces trois provinces, ont ténu à approcher l’Assemblée nationale pour un plaidoyer.

En effet, il se constate un activisme prononcé des groupes armés qui sèment l’insécurité, qui violent et qui tuent.
« Face à cet activisme, il s’avère nécessaire de repenser la politique nationale en vue de venir à bout ; d’éradiquer les groupes armés, réinsérer de manière réussi les combattants : mettre fin à l’insécurité à l’Est. Cette politique doit être encadrée par un plan général de développement pour chaque province en vue de développer en moyen terme nos provinces pour obtenir ce que je dis : l’insertion réussie ; créer les emplois, construire les routes« .

Donc, les Gouverneurs sont venus faire un plaidoyer auprès de l’Assemblée nationale pour que celle-ci puisse activer ses manettes auprès du Gouvernement pour que ce dernier s’implique et réponde effectivement en impliquant nos communautés, nos provinces dans une approche où nos communautés ; nos ménages ; nos enfants sont effectivement impliqués », a-t-il déclaré après cette séance de travail.

S’agissant de la nécessité de la diplomatie parlementaire, le deuxième vice-président a fait savoir que cette approche de la diplomatie parlementaire est très nécessaire. Cependant, à l’interne, le travail se fait. Mais avec les groupes armés nationaux et étrangers, la diplomatie est très nécessaire pour ramener la dynamique régionale à s’occuper des groupes armés étrangers ; à les éradiquer parce qu’il se constate une tendance qu’il y a connexion des groupes armés étrangers et nationaux. Cette connexion est très dangereuse et compliquée a-t-il souligné.

Toutefois, il croit que cette approche de la diplomatie parlementaire est très nécessaire.

Pour sa part, le Gouverneur du Sud Kivu Théo Ngwabidje a relevé que la problématique dans sa juridiction est due au fait de l’activisme des groupes armés. Il a indiqué que leur présence à l’Assemblée nationale consiste à poser ce problème d’activisme qui laisse tout le monde préoccupé.
« Nous avons souligné qu’aujourd’hui, il faut absolument éradiquer ces groupes armés nationaux et étrangers parce que la collision entre les locaux et les étrangers nous apportent ce drame qui se passe pour le Sud Kivu, le Nord Kivu, l’Ituri et le Tanganyika. Donc, il faut éradiquer ces groupes armés par l’utilisation de la force pour ceux-là qui refusent le chemin de la paix. Ils sont très nombreux voir des milliers qui sont prêt à se rendre. Mais quelles sont les structures que nous mettons en place pour encadrer les ex-combattants. Si nous arrivons aujourd’hui à encadrer les ex-combattants, ils seront des milliers à quitter les groupes armés. Malheureusement, pour ceux qui vont rester comme de récalcitrants, il revient à l’autorité de l’Etat d’être appliqué. Là ! ce sont les forces de défense et de sécurité qui doivent être renforcée afin que la paix revienne dans notre Province » a-t-il dit.

Quant aux difficultés que rencontrent sa juridiction, Théo Ngwabidje a fait savoir qu’elles sont nombreuses. Dans cette province, il y a des groupes armés à connotation communautaire, a-t-il révélé. C’est alors qu’il dit avec sang-froid, qu’il faut mener un combat contre ces groupes armés à connotation communautaire qui ont tendance à manipuler la population, à faire croire à certaines d’entre elles que, avoir son propre groupe armé est une manière de se protéger par l’autodéfense.
« Aujourd’hui, nous savons tous que pour être sécurisé, il faut compter sur l’armée et non pas détenir une arme. Ça c’est un problème. Je crois que le dialogue qui a été entamé quelque temps pour la Communauté Banyamulenge ; la communauté Bembe, doit se poursuivre.
La crise du Covid est en train de passer, il faut continuer à discuter, mais avec une nouvelle approche. Par le passé, nous avons connu le DDR, mais ce DDR ne tenait pas compte des réalités locales. Je pense que le Gouverneur de l’Ituri tout comme l’honorable deuxième vice-président ont insisté sur ça. Nous voulons demain que les gens soient réintégrer et continuer à discuter au niveau de la population, au niveau des groupes armés, au niveau régional parce que c’est important de casser ce lien entre les groupes armés étrangers et les groupes armés locaux.
Le Sud Kivu est fatigué aujourd’hui que plus de 20 ans, que les problèmes des pays voisins se règlent chez nous. Je crois qu’il y a une volonté politique qui doit être maintenue ; renforcée au niveau des mécanismes régionaux qu’on trouve des solutions. Ceux qui veulent mettre de désordre chez nous, rentrent chez eux. C’est déjà une piste », a-t-il laché.

Enfin, le Gouverneur du Nord Kivu, Carly Nzanzu Kasivita a remercié le bureau de l’Assemblée nationale qui a offert cette occasion pour présenter les rapports de sécurité de différentes provinces. Il a souligné pour sa part qu’ils sont interpellés par la question des groupes armés.
« Nous avions voulu avoir un débat sérieux sur cette question et aussi avoir un plan cohérent pour que nous puissions nous tous nous rassurer que la démobilisation et la réinsertion des enfants qui sortent des groupes armés soit réussi par la République Démocratique du Congo parce que, le diagnostic fait depuis qu’on a commencé ce processus, nous semblons tourner en rond et peut être faire un cercle vicieux. Cette problématique nous a poussée à venir à Kinshasa rencontrer toute la sommité de la République. Nous sommes là aujourd’hui avec l’Assemblée nationale, nous allons rencontrer d’autres ministres sectoriels pour partager nos préoccupations. Au finish, nous voulons que la question au regard des impératifs de sécurité aujourd’hui dans nos provinces, que cette question des groupes armés soit priorisée et ça nous permettra de faire asseoir l’autorité de l’Etat dans nos différentes provinces », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, il a affirmé que pour Beni-Butembo, c’est bien connu. Ce sont les ADF/NALU qui tuent. « Ça fait plus de 20 ans que cette question est sur la table. Nous avons toujours dit au niveau de la République Démocratique du Congo, que la guerre de Beni, c’est une guerre faite contre les enfants de la République. Et nous pensons que nous devrions toujours continuer à bénéficier de la solidarité nationale. Beaucoup d’efforts ont été fait, nous pensons que nous allons continuer de bénéficier de tous les atouts des enfants de la RDC pour qu’on arrive à bout de la question des ADF/NALU qui sont de terroristes qui, aujourd’hui étaient à Beni, sont sur une autre entité, la Province de l’Ituri ; on ne sait jamais, demain si ils seront dans une autre province ».

Donc, pour les trois Gouverneurs présents à Kinshasa, c’est une occasion une fois de plus de tirer la sonnette d’alarme pou que les autorités compétentes, travaillent afin d’éradiquer les groupes armés.

Pius Romain Rolland

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